L’IA générative pour les PME avec l’Immigrant Employment Council of BC

Nous nous engageons auprès d’employeurs de différentes tailles, en nous concentrant particulièrement sur les PME, ce qui témoigne de la structure de l’économie canadienne et du rôle important joué par les petites et moyennes entreprises dans l’ensemble du pays. L’IA suscite beaucoup de curiosité. Cependant, de nombreux chefs d’entreprise ont du mal à trouver les bonnes questions à poser concernant la mise en œuvre de l’IA. Ils reconnaissent le potentiel d’amélioration de la productivité et la possibilité d’automatiser des tâches ordinaires par le biais de l’IA.

Cependant, ils sont confrontés à plusieurs défis :

1. Manque de clarté : Les dirigeants ne connaissent pas vraiment les coûts initiaux, et ne savent pas comment gérer efficacement l’intégration de l’IA dans leurs activités.
2. Préoccupations relatives aux employés : Une certaine inquiétude règne quant à la manière dont les employés pourraient réagir ou utiliser l’IA, en particulier en ce qui concerne la protection de la vie privée.
3. Préoccupations en matière de propriété intellectuelle (PI) : Compte tenu des mises en garde contre la saisie d’informations à caractère sensible dans des outils tels que ChatGPT en raison d’une utilisation potentiellement illicite, les entreprises ont des craintes quant à la protection de leur PI.

Par ailleurs, dans le domaine de l’embauche, on observe un changement notable dans la nature des lettres de motivation et des CV. Les responsables du recrutement signalent qu’ils reçoivent des documents qui n’ont manifestement pas été rédigés par les candidats eux-mêmes, ce qui laisse supposer une augmentation de l’utilisation de l’IA dans la procédure de demande d’emploi.

L’une des préoccupations est le fait que les nouveaux arrivants qui utilisent l’IA pour rédiger des lettres de motivation pourraient présenter un meilleur anglais que celui qu’ils parlent réellement, ce qui pourrait entraîner des problèmes lors des entretiens et décourager encore plus les employeurs d’embaucher des immigrants qualifiés.

De plus, le secteur de l’emploi développe indépendamment de nombreux outils d’IA, entraînant une approche fragmentée. Nous devons plutôt mettre en place un système centralisé capable de consolider des informations de référence provenant de sources fiables. Ce système d’IA pourrait guider les nouveaux arrivants de manière efficace en formulant les bonnes questions, et en les orientant vers des ressources adéquates. Une collaboration entre tous les intervenants du secteur est essentielle pour parvenir à cette approche unifiée, et garantir que des informations précises et utiles soient communiquées aux nouveaux arrivants.

Les modèles de financement actuels engendrent une concurrence et une fragmentation qui entravent la collaboration. Pour que l’IA soit mise en œuvre de manière efficace, il faut que les données présentent une grande maturité, ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’organisations. En dépit des investissements d’IRCC, les services chargés de l’établissement ne sont pas intégrés de manière homogène, ce qui limite l’accès des nouveaux arrivants à ces services. Si les organisations de grande envergure savent mieux gérer les données, il n’en va pas de même pour les plus petites. Pour mettre en place un secteur cohérent et axé sur la technologie, nous avons besoin de solutions innovantes, telles que des modèles de données régionaux et un financement collaboratif. Il est essentiel de se pencher sur ces questions structurelles pour exploiter correctement l’IA.

La composante humaine est primordiale dans la mise en œuvre de l’IA. La technologie doit être au service des personnes, et non pas les remplacer. L’IA ne supprimera pas d’emplois, elle en créera de nouveaux. Nous devons former les gens à utiliser efficacement l’IA, et veiller à ce que les immigrants et les nouveaux arrivants ne soient pas laissés pour compte.

Nous nous concentrons souvent sur les mauvaises questions, en accordant par exemple trop d’importance à la reconnaissance des titres de compétences étrangers. La plupart des emplois exigent des compétences pratiques, et non pas une vérification stricte des diplômes. L’IA devrait être un instrument parmi tant d’autres destiné à relever les défis du marché du travail, et non pas une solution miracle.

Notre objectif doit être d’utiliser l’IA pour servir efficacement les employés et les clients, en favorisant la productivité et des opportunités équitables. Si l’IA ne remplit pas cette mission, elle est vouée à l’échec. Nous devons veiller à ce que la technologie profite à tous, et pas seulement à quelques privilégiés.

Des changements et des défis importants se profilent à l’horizon avec l’essor des réponses générées par l’IA et de la technologie « d’hypertrucage » dans les entretiens d’embauche. Si certains peuvent chercher à utiliser ces outils à leur avantage, cela soulève des inquiétudes quant à la mésinformation et à la supercherie. Nous avons déjà observé des cas d’hypertrucage utilisés à des fins d’escroquerie, ce qui indique que l’hypertrucage pourrait également être employé à mauvais escient dans le cadre d’entretiens d’embauche. En revanche, si une personne est suffisamment compétente pour utiliser ces technologies de manière efficace, cela pourrait aussi démontrer des aptitudes très intéressantes. Dans l’ensemble, l’impact de l’IA sur les entretiens d’embauche et les processus de recrutement sera probablement perturbateur, et devra faire l’objet d’une adaptation.